Respire n°45 – Version numérique

« Tes nerfs sont à vif ». Si vous entendez cette phrase, il y a de grandes chances qu’elle soit suivie par quelque chose du genre : « Il vaut peut- être mieux attendre un peu avant d’aller lui parler ». Et c’est un conseil plutôt judicieux. Rares sont les personnes qui se sentent bien après une dispute ou après avoir appris une mauvaise nouvelle. Les pensées manquent de clarté, les priorités changent et les décisions sont prises à la hâte. C’est un moment de vulnérabilité. Il vaut mieux se placer en soutien bienveillant ou proposer une épaule sur laquelle pleurer.

Cependant, il est normal de fuir face à la vulnérabilité, de se sentir mal à l’aise devant quelqu’un dont la vie a été chamboulée par un licenciement, bouleversée par une trahison ou dévastée par la perte d’un proche. Savoir quoi dire et comment agir face à des émotions brutes et spontanées peut naturellement provoquer du stress. C’est peut-être en partie parce que de nombreuses sociétés suivent encore cette vieille tradition qui consiste à rester sur ses gardes, qu’elle que soit la nature de la situation.

Mais, il y a beaucoup à apprendre en reconnaissant, en respectant et en comprenant la vulnérabilité. Les créatifs de tous bords – poètes, auteurs, artistes et compositeurs, pour n’en citer que quelques-uns – ont longtemps puisé dans l’expérience de leurs pires moments personnels pour explorer l’émotion brute, transmettre le message de son humanité et offrir du soutien à ceux qui traversent une détresse similaire.

Alors, oui, allez-y doucement lorsque les émotions sont à vif et attendez peut-être un peu, mais, si cela vous semble approprié, soyez cette épaule sur laquelle pleurer ou cette oreille à qui parler sans crainte.