Mythologie(s) n°59 – Version numérique

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Aux origines du monde chrétien

Saisis de stupeur, étreints de tristesse. Chacun de nous garde le souvenir de ce 15 avril 2019 quand l’incendie a envahi Notre-Dame de Paris sous le regard médusé des passants, dans l’affolement des réseaux diffusant la nouvelle plus rapidement que les flammes. Les images ont fait le tour du monde et soudain notre joyau gothique, autrefois sauvé de la ruine par le roman de Victor Hugo, ne l’oublions pas, serraient les cœurs des athées autant que ceux des croyants. Espace du sacré tourné vers Marie, emblème de notre patrimoine commun, curiosité touristique incontournable, la cathédrale de l’île de la Cité n’a laissé personne indifférent. Après cinq années de travaux intensifs, l’arche de pierre a rouvert ses portes peu avant Noël, comme un signe, cultuel, politique, culturel, envoyé aux citoyens et au monde. Soudain dans cette France qui observe depuis deux siècles une érosion de ses pratiques chrétiennes, sur fond de méfiance envers ses adeptes, d’aucuns s’interrogent, au-delà d’un fragile patrimoine matériel, de l’effacement de l’héritage immatériel que constitue le christianisme. Après tout, Notre-Dame de Paris fait écho à cette « France fille aînée de l’Église ». En déclarant le premier son attachement à l’Église catholique, après le sac de Rome et l’effondrement de l’Empire d’Occident, Clovis, par son baptême, fit entrer son peuple de « barbares païens » dans la romanité ancienne, forte de son droit et de son génie civil, et dans la nouvelle Rome où le pardon, l’idée de la « personne » et la gratitude avaient droit de cité. De tout cela, nous avons bien hérité.

Il ne s’agit donc pas de croire ou de ne pas croire, mais d’échapper à une vision binaire, si actuelle ; approche que Marc Bloch (1886-1944), historien résistant, dénonçait déjà en son temps, rappelant qu’« il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’Histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ». Afin d’y échapper, ce numéro vous invite donc à explorer quelques récits fondateurs, de Jésus à Jeanne d’Arc, pour plonger aux origines de la culture chrétienne, en évitant l’eau du déluge culturel et le feu de l’Apocalypse des réprobations.

Bertrand Audouy, rédacteur en chef

Publié le 26/12/2024