Yoga magazine n°24 – Version numérique

Bonjour l’énergie du printemps !

Enfant, Charlotte Saint Jean s’est entendue dire par sa mère : « qu’une jeune fille se devait d’être propre, polie, de ne jamais montrer ses désirs, ses passions ». Dans son livre Yoga, rayonner sa puissance au féminin (éditions Eyrolles), la professeure de yoga dévoile sans pudeur les complexes qui l’ont fait souffrir dans sa jeunesse — un corps un peu trop si, une voix un peu trop forte, tout était un peu “too much”… — et ses difficultés pour répondre à cette injonction de fader et de discrétion. Son témoignage fait “étrangement” écho au brillant ouvrage de Mona Chollet, Sorcières, la puissance invincible des femmes (Éditions Zones) qui éclaire sur la façon dont les femmes ont intériorisé ce « cadre » de ce que l’on attend d’elles, et à demander aux jeunes filles, seules, à s’y conformer, à s’y soumettre également. Car c’est bien de soumission qu’il s’agit, soumission à des principes conçus par des hommes, et qui ont conduit tant de femmes, et même, hélas, certaines d’entre nous, à ne pas prendre conscience.

On comprend ainsi la résurgence des cercles de femmes, des rituels liés aux phases de la Lune et à l’apparition de festivals exclusivement féminins pendant lesquels les femmes peuvent exprimer cette puissance honteusement réprimée depuis tant d’années, sans regards condescendants ni jugements aucun… L’invitation à faire « rayonner sa puissance au féminin » est un pas vers l’unification et la raison, le yin et le yang… la société absurdement patriarcale dans laquelle nous baignons, nous a enfermées, assignées à résidence, et les hommes aussi, les réduisant bien souvent au rôle de pourvoyeur de revenus et les empêchant de s’autoriser la douceur, les larmes, la tendresse.
Yoga magazine se fait l’écho, d’une vision du yoga qui n’est pas exclusive. Les hommes également ont un féminin — souvent inconsciemment opprimé — qui mérite d’être réveillé.

Car les hommes aussi ont besoin de se reconnecter à des attentes, à une certaine puissance intérieure, de trouver un souffle. Que l’on soit un homme, une femme, ou sans genre reconnu ou choisi, nous avons en majorité ce salut : suivre le rythme de la saison et se reconnecter aux éléments ne peut ainsi nous être que bénéfique.

Namasté !
Céline Dupuy, rédactrice en chef