Mythologie(s) n°45

Japon – Des croyances mâtinées de contes

Les religions sont-elles des contes auxquels nous voulons bien croire, tant les miracles évoqués stupéfient l’imaginaire ? Si les trois monothéismes rejettent la question, jamais cette interrogation ne troublera la sérénité des Nippons. Au Japon, les deux principaux cultes, le shintō et le bouddhisme, ainsi que le zen l’une de ses branches, résultent de la germination des contes et des légendes.

Du fabuleux registre oral des provinces du Soleil-Levant, célébré par le théâtre classique et la littérature contemporaine, sont nés des mangas et des dessins animés auxquels les adolescents vouent une adoration parfois sans limites… Dans les religions japonaises, les animaux possèdent des pouvoirs particuliers et les objets peuvent s’animer ! Le shintō, réélaboration théologique d’anciens cultes animistes et de pratiques chamanistes antérieures au bouddhisme, semble particulièrement friand de ces thèmes. La « voie des dieux » met également en lumière les anciennes divinités japonaises, Izanagi et Izanami, couple générateur des principales divinités et créateur de l’archipel. Le bouddhisme, d’inspiration chinoise et coréenne, importé du continent au milieu du VIe siècle, a également embrassé une voie originale en épousant l’imaginaire local. Dans le Majjimanikāya, collection d’un certain nombre de « discours du Bouddha », les tortures de l’enfer sont décrites avec précision. Gardez-vous de la vieille démone, « arracheuse de vêtements » ! En un mot, restez zen, tel le samouraï, qui, pendant la cérémonie du thé, médite d’une gestuelle lente et contenue sur Jinmu, le premier des empereurs, fondateur mythique du Japon en son palais de Sakurai, divine cité du sumō, du saké et du nō sacrés. Yoku yonda. Dokusyo o otanoshimi kudasai. Cela va sans dire.