Mythologie(s) n°46

Des héros celtiques européens ?

Le territoire celtique ne se réduit pas simplement aux rivages de l’Atlantique, où Galiciens, Bretons, Gallois, Écossais et Irlandais préservent la langue, les coutumes et les récits de peuples abandonnés des cours d’Histoire. Il y a plus de trois mille ans, les Celtes occupaient l’ensemble de l’Europe, de l’océan à la chaîne des Carpates, des plaines du Nord aux rivages de la Méditerranée, poussant même jusqu’à la Cappadoce. Les sites archéologiques et la toponymie témoignent de cette mémoire longtemps captée et déformée par l’envahisseur romain.

Maîtrisant l’art du fer, plus résistant que le bronze, et le combat à cheval, que redoute le guerrier à pied, les Celtes semblent avoir mené leur longue conquête avec une relative facilité, jusqu’à faire trembler les Romains et les Grecs aux IVe et IIIe siècles. Les archéologues distinguent deux grandes périodes dans ces mouvements. Lors du premier âge du fer (VIIIe au Ve siècle), appelé « période de Hallstatt » (en Autriche), des peuples ont migré vers le nord et bâti des tumuli abritant des tombes à char. Lors du deuxième âge du fer ou « période de La Tène » (en Suisse), qui dure du Ve siècle au début la conquête romaine (58 av. J.-C.), on assiste à la dernière migration, celle des Helvètes, prétexte à César pour intervenir en Gaule. Des témoignages romains, il nous reste l’image de peuples déchus, victimes de leur retard dans l’histoire, ainsi que de figures charismatiques mais isolées. Désunis, ils l’étaient, contrairement à l’idée que l’empereur a véhiculée pour façonner sa gloire, mais certains chefs ou reines ont su porter le combat de leur peuple avec courage et intelligence. Ces chevaliers aristocrates, propriétaires de vastes domaines, frappant monnaie et contrôlant les échanges n’ordonnaient pas dans un univers désordonné. Ni frustes ni barbares, ils ont donné des figures emblématiques, des héros mythiques, nationaux, populaires, prêtant parfois leur histoire à des revendications idéologiques contradictoires. Ils se nomment Brennus, Viriate, Vercingétorix, Ambiorix, Boudica, Cuchulainn, notamment. Des personnages aux destins singuliers, des Celtes héroïques qui ont bâti l’Europe, bien avant les traités de Rome (1957 apr. J.-C.). Quoi qu’en pense Jules.