Mythologie(s) n°57

Etrusques, civilisation énigmatique

Contemporains des Grecs et des Puniques, les Étrusques ont fécondé l’Italie centrale bien avant les Romains. Depuis leur territoire, bordé par la mer Tyrrhénienne, encadré par l’Arno et le Tibre, soit la Toscane avec un peu d’Émilie-Romagne, d’Ombrie et de Latium, ses habitants poussèrent ensuite leurs conquêtes vers le nord en Padanie (plaine du Pô) et vers le sud en Campanie entre 700 et 500 av. J.-C. Dépourvues d’un système politique collectif, ses villes régnant sur des campagnes, notamment les douze cités-États de la dodécapole, jalouses de leur indépendance, partageaient cependant un fonds culturel commun : une langue non indo-européenne, le goût des banquets en compagnie de leurs épouses, un art subtil de statuettes longilignes, de fibules de parade et de vaisselle à vin, sans oublier, surtout, la pratique divinatoire de leurs haruspices, ô combien enviés par leurs voisins.

L’Étrurie, si on peut la nommer ainsi, ponctuée de lacs et de forêts, agricole et viticole, riche de ses minerais, pleine de ses moissons, bénéficiant de la science des agronomes et des ingénieurs hydrauliciens, passait donc pour un pays de Cocagne aux yeux des Antiques. Inévitablement, uscitant la convoitise de son voisin latin, elle tomba définitivement sous sa coupe en 264 av. J.-C. lors de la prise et la destruction de Volsinii, l’actuelle Orvieto. De ce peuple imaginatif, au sourire sculpté énigmatique, il ne reste aucun récit écrit de sa main. Pour autant, il nous a laissé de vastes nécropoles, villes des morts incinérés, copies d’un habitat raffiné à l’ambiance aristocratique ; ainsi que la réputation des hommes « les plus religieux » du monde antique qui, versés dans la science du sacré, irradiaient le bassin méditerranéen de leurs divines prédictions. C’est là tout le mystère étrusque.

Bertrand Audouy rédacteur en chef