Mythologie(s) n°58

La sagesse des Grecs

Il est probable que la mythologie grecque provienne de croyances religieuses primitives, comme celles du peuple de Crète vers 3000 av. J.-C. Évoluant au fil du temps, elles ont libéré un vaste ensemble de mythes qui ont profondément influencé la vision du monde des Anciens et enrichi la littérature, les arts, la musique et la danse. Les poèmes épiques sont le siège de nombreux récits qui mettent es hommes aux prises avec les dieux et les éléments. Les exploits d’Héraclès, les aventures d’Ulysse et les amours de Zeus ont ainsi inspiré des générations d’auditeurs et de lecteurs. Dans le théâtre tragique, hissé à des sommets avec Eschyle, Sophocle et Euripide, les personnages d’Antigone, Œdipe roi et Médée explorent des thèmes universels comme la destinée, la culpabilité et la rédemption. Plus léger, mais non moins grave, Aristophane, célèbre auteur comique, a également utilisé des éléments mythologiques dans ses pièces pour satiriser la société et les politiciens. Les écrivains romains, tels qu’Ovide avec son recueil des Métamorphoses, et plus tard Dante, Shakespeare et Racine, entre autres, sans oublier nos contemporains, ont pris le relais en s’inspirant de ces récits. Parmi eux, Sisyphe est devenu un symbole de l’absurdité de la vie, un personnage sans doute heureux, quand bien même il pousse son rocher, selon Camus. Et si Narcisse nous renvoie à l’obsession contemporaine des selfies, le Minotaure, troublante combinaison d’humanité et d’animalité, dévoile nos doubles visages. Affronter ses propres monstres, telle est la question soulevée par Méduse, puissance du féminin, qui d’un regard pétrifie, mais nous appelle à vaincre la terreur. Comment ? Par le courage téméraire nous dit Achille, par la ruse intelligente pense Odysseus, grâce à une force inégalée nous crie le demi-dieu aux douze travaux.

En somme, les mythes grecs façonnent notre compréhension de l’humanité, de la morale et de la condition humaine. Comme l’invitait la devise « Connais-toi toi-même » inscrite au frontispice du temple de Delphes que Socrate a reprise à son compte, la connaissance de leurs sagesses profondes et intemporelles nous aide à mieux comprendre notre commune solitude toujours piquée d’un espoir renouvelé.

Bertrand Audouy, rédacteur en chef