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Mythologie(s) n°60

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Mous barbares, moult mythes

Les Francs mérovingiens, souvent surnommés la première dynastie française, ont régné sur une grande partie de l’Europe occidentale du Ve au VIIIe siècle. En raison notamment des récits de Grégoire de Tours (VIe) et des chansons de geste médiévales, leur histoire est entourée de mystères et de légendes. Nous avons tous à l’esprit le vase de Soissons qui fit perdre la tête à un guerrier impudent, la victoire de Tolbiac remportée grâce à l’invocation divine d’un Clovis désespéré, au « Courbe-toi fier Sicambre » de Remi qui baptisa le chef franc une nuit de Noël avec le saint chrême de la Sainte Ampoule apportée par la colombe de Reims. Sans oublier Clotilde, l’épouse dévouée, doux agent politique de la conversion de sa moitié brute.

Pour autant, ces mêmes Mérovingiens tiennent de leur ancêtre Mérovée, né de l’accouplement de sa mère et d’un monstre marin. Sanguinaires et violents, ils ont agité leurs royaumes par leurs vendettas sans fin, avec pour point d’orgue la lutte haineuse entre Brunehaut et Frédégonde. Incultes, ces chevelus échevelés ne pouvaient que faire alliance avec une élite d’évêques administrateurs, puis déléguer leur pouvoir à des maires du palais aussi astucieux que courageux. In fine, ô tempora, ô mores, leurs rois, à qui l’on dénie toute adaptation aux traditions gallo-romaines, sont devenus fainéants ad vitam aeternam ! Le ridicule s’est ensuite imposé. Quelle idée de voyager en char à boeufs et de mettre sa culotte à l’envers ?

Mais, bonté divine, leurs successeurs carolingiens, eux, ont su tenir leur rang. C’est du moins l’avis d’Éginhard (IXe), biographe de Charlemagne qui savonna habilement la planche des Mérovingiens. Repris sous la Révolution française, qui opposait le peuple celte à l’aristocratie franque, puis sous la IIIe République laïque, pour qui la paresse valait mille péchés, les « rois fainéants » amusent encore nos mémoires. C’est ainsi qu’un « omniprésident » parfois agité présentait lui-même quelque ancien président de la République. Comme quoi les clichés ont la peau aussi dure que celle de nos aïeux « barbares », entre cruauté et ridicule, moitié cannibales, moitié bons sauvages, selon l’usage que l’on veut en faire.

Bertrand Audouy, rédacteur en Chef

Publié le 21/03/2025

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