Respire n°41

Aujourd’hui, la plupart des gens partagent leurs réactions en ligne. Un ami publie un livre, il récolte un émoji “wow” ; un frère achète un nouvel appartement, on le félicite par un “love” ; un collègue est souffrant, on lui donnera un “care”. Cela paraît simple et très clair. Pourtant, ces “wow” et ces “love” sont-ils totalement dépourvus de jalousie ? Et qu’en est-il de ce “care” ? Peut-il être aussi teinté d’agacement ?

Rien n’est jamais si net, et peut-être nous faudrait-il plusieurs émojis combinés pour exprimer pleinement nos sentiments. Il arrive pourtant que quelque chose ou quelqu’un suscite une réaction de rejet sans équivoque. Dans le monde virtuel, il est possible de trouver une solution relativement facile en utilisant judicieusement les options “ne plus suivre” et les listes d’amis restreintes. Mais les conflits en face à face sont plus délicats. Bloquer un collègue qui coordonne les efforts de l’équipe pour remporter un marché susceptible de sauver l’entreprise n’est probablement pas la politique la plus constructive !

De plus, cela n’est pas à sens unique. À un moment ou à un autre de sa vie, chacun réalisera qu’on ne l’aime pas. Cela peut faire mal, et c’est normal. Pourtant, cela ne doit empêcher ni les collègues (ni les membres de la famille) de collaborer pour le bien de tous, qu’il s’agisse de respecter les délais d’une usine ou de prodiguer les meilleurs soins de santé à un parent malade.