Respire n°50

Nous reprenons là où nous nous sommes arrêtés. Des semaines, des mois, des années ont pu s’écouler sans aucun contact, mais un seul coup d’œil a suffi pour retrouver dans les yeux de l’ancien camarade de classe ou du cousin préféré, l’étincelle, la chaleur, l’amusement. Alors, les discussions et les souvenirs se poursuivent, parfois jusqu’au petit matin. Quelle magie quand cela se produit !

Cependant, la plupart des amitiés demandent plus d’efforts. Reprendre là où l’on s’est arrêté peut s’avérer plus difficile, quand il s’agit par exemple, de revenir sur le désaccord de la semaine dernière, sur la façon d’aller de l’avant après un licenciement ou un divorce, ou s’il faut offrir un soutien émotionnel à un proche en deuil.

Si l’on ne tient pas compte des nuances liées aux changements de vie des uns et des autres, il devient plus facile de se remémorer les « bons moments » : l’expérience malencontreuse de la teinture des cheveux sur la petite cousine, ou le jour où la tante a mis du sel au lieu du sucre dans la tarte aux fraises ! Et même les expériences plus douloureuses prennent, avec le temps, une teinte plus rose.

En revanche, pour des amis présents semaine après semaine, les bons moments seront entrecoupés de dilemmes, de doutes, d’anxiété et de larmes. Les amitiés sont toutes différentes. Certaines dureront une vie, d’autres non. Pour les plus lointaines, pouvoir reprendre là où l’on s’est arrêté est effectivement magique.

Mais être là pour se réconforter l’un l’autre dans les moments difficiles, que ce soit en personne ou au bout du fil, est aussi très spécial. Vraiment très spécial.