Saint-Exupéry

L’écrivain aviateur

Né en 1900, Antoine de Saint-Exupéry est mort en mission pour la France, le 31 juillet 1944, à bord de son Lockheed P-38 Lightning, retrouvé au large des côtes de Marseille en 2000. Disparu dans les airs, dans la mer, le pilote écrivain n’a pourtant jamais été aussi vivant. Avec le retour du tragique bruit des bottes et des canons, sur fond d’idéologies brutales et des fatwas mortifères, son témoignage personnel et littéraire revient à l’honneur.

Quel message nous délivre aujourd’hui ce poète héroïque de la générosité ? Celui qui faisait corps avec l’écriture, la tête dans les nuages, sous la brise du danger, disait qu’il fallait « n’écrire que ce que l’on a risqué ». Son idéal d’engagement, de solidarité et de responsabilité nous rappelle les périls de la passivité individuelle et des renoncements collectifs. Pour cela, le fils adoré de sa mère, dont il conservera le goût des arts et des autres, fit de sa vie un vrai roman et de son expérience une prose sensible. À douze ans, arguant d’une autorisation parentale, il embarqua pour un baptême de l’air dans un avion-prototype avec son concepteur à peine breveté pilote ! Appelé à Strasbourg pour effectuer son service militaire, il découvrit deux passions devenues une obsession : le pilotage et l’écriture. Embauché pour distribuer le courrier en Afrique et en Amérique latine, il affronta de multiples dangers tout en publiant ses récits. Après Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), écrit pendant son séjour en Argentine, préfacé par André Gide, acclamé par la critique, remporta le prix Femina. Terre des hommes (1939), oeuvre autobiographique qui relate les exploits des pilotes de l’Aéropostale, couronné du grand prix du roman de l’Académie française, confirma sa stature d’homme de lettres. En signant Pilote de guerre (1942), il parvint à toucher l’opinion américaine sur une France humiliée mais non totalement défaite. Pourtant, malgré ses faits de guerre, la mémoire résistante l’a quelque peu oublié et en dépit de ses succès d’édition la critique littéraire l’a souvent snobé. À mi-chemin entre la gloire et l’oubli, le père du Petit Prince, l’oeuvre la plus vendue dans le monde après la Bible, a connu un destin paradoxal sur lequel nous levons ici un coin de voile à l’occasion de la commémoration des quatre-vingts ans de son décès.